Santé

Savez-vous quelle quantité d'air vous respirez chaque jour ?

Chaque personne respire en moyenne 14 000 litres d'air par jour. Ce volume varie également en fonction de l'activité physique. Il peut ainsi atteindre 18 à 20 000 litres d'air pour un sportif de haut niveau.

Quels sont les effets sur la santé associés à l’exposition aux polluants de l’air ?

La pollution de l’air est un mélange complexe et en constante évolution de divers éléments chimiques, biologiques et physiques pouvant être toxiques pour l’homme. Les effets sanitaires les mieux connus de la pollution atmosphérique [1] sont des effets sur les systèmes respiratoires (affections respiratoires telles que l’asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive) et cardiovasculaire (accidents vasculaires cérébraux, cardiopathies…). La pollution atmosphérique est responsable d’aggravations aiguës de l’état de santé (augmentation des symptômes allergiques, crises d’asthme, irritation de la gorge, des yeux et du nez…) ou d’exacerbations de pathologies chroniques qui se traduisent par la survenue de symptômes pouvant conduire à des hospitalisations, voire au décès [2].

Des effets de la pollution de l’air sur la santé sont observés suite à :

  • une exposition de quelques heures à quelques jours (exposition aiguë, dite à court terme) à cette pollution : irritations oculaires ou des voies respiratoires, crises d’asthme, exacerbation de troubles cardio-vasculaires et respiratoires pouvant conduire à une hospitalisation, et dans les cas les plus graves au décès ;

  • une exposition de plusieurs années (exposition chronique, dite à long terme) à la pollution de l’air ; les effets sur la santé peuvent dans ce cas être définis comme la contribution de cette exposition au développement ou à l’aggravation de maladies chroniques telles que : cancers, pathologies cardiovasculaires et respiratoires, troubles neurologiques, troubles du développement, etc.

C’est l’exposition chronique à la pollution de l’air qui conduit aux effets et donc aux impacts les plus importants sur la santé. En 2013, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), instance spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé la pollution de l’air extérieur comme cancérigène [3] pour l’Homme [4] (Groupe 1). Des études récentes mettent de plus en plus en évidence d’autres effets tels que des effets indésirables pendant la grossesse et à la naissance (faible poids à la naissance, naissance prématurée…), des maladies respiratoires chez l’enfant telles que l’asthme, et l’athérosclérose. D’autres effets sont suggérés tels que des effets sur le développement neurologique et la fonction cognitive, et sur des pathologies chroniques telles que le diabète.

[1] - Pour plus de détails, voir le dossier « Air extérieur et santé » du ministère chargé de la santé.
[2] - Cf. Etude de l’Observatoire régional de santé d’Ile-de-France : « Impacts sanitaires de la pollution atmosphérique urbaine et des expositions à proximité du trafic routier dans l’agglomération parisienne ».
[3] - Cette classification du CIRC est parfois traduite en « cancérigène certain (ou avéré) pour l’Homme ».
[4] - Voir les travaux du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), instance spécialisée de l’OMS, notamment : http://www.iarc.fr/fr/media-centre/pr/2013/pdfs/pr221_F.pdf

Source : DGS - Questions/Réponses "Air extérieur et santé" - avril 2016

Savez-vous combien de substances toxiques se trouvent dans la cigarette ?

La fumée de cigarettes contient plus de 3000 substances polluantes et/ou toxiques telles que arsenic, acide cyanhydrique, ammoniac, oxydes d'azote, goudrons, dioxines, etc.

Comment évaluer l’impact sanitaire de la pollution de l’air à l’échelle locale ?

Pour évaluer l'impact sanitaire de la pollution de l'air à l'échelle locale, plusieurs outils et méthodologies sont utilisés :

  1. Évaluations d'Impact Sanitaire de la Pollution Atmosphérique (EIS-PA) : Santé Publique France soutient les acteurs locaux en fournissant des guides méthodologiques et des outils associés. Ces évaluations s'appuient sur des relations exposition-risque provenant d'études épidémiologiques.

  2. Données sur la qualité de l'air : Les concentrations de polluants (particules en suspension, ozone, etc.) sont mesurées localement à l'aide de stations de surveillance ou de modélisations de dispersion.

  3. Données de santé locales : Les EIS-PA intègrent des données sur la mortalité et la morbidité hospitalière liées aux problèmes respiratoires et cardiovasculaires pour quantifier les effets sanitaires de la pollution.

  4. Scénarios de réduction : Ces évaluations permettent d'estimer l'impact potentiel de scénarios de réduction des concentrations de polluants, fournissant des estimations concrètes de décès retardés ou de maladies évitées.

  5. Outils d'évaluation : Des outils comme AirQ+ de l'OMS et d'autres logiciels de modélisation sont utilisés pour quantifier les effets de la pollution de l'air sur la santé publique.

  6. Mise à jour continue des données : Les études épidémiologiques récentes et les nouvelles recherches alimentent ces évaluations pour refléter l'évolution des connaissances et des conditions environnementales.

Quel est l’impact sanitaire de la pollution de l’air ? Quels sont les impacts économiques associés ?

L'impact sanitaire de la pollution de l'air est considérable, malgré des risques individuels qui peuvent sembler faibles comparés à d'autres facteurs, comme le tabac. Selon l'OMS, la pollution de l'air est le principal risque environnemental pour la santé mondiale, entraînant chaque année environ 8,1 millions de décès prématurés : 4,5 millions dus à la pollution de l'air extérieur et 3,6 millions à la pollution de l'air intérieur​. Les pays à revenu faible ou intermédiaire, en particulier en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental, sont les plus touchés, avec 2,6 millions et 3,3 millions de décès respectivement liés à la pollution extérieure et intérieure​.

En Europe, selon l’OMS, environ 600 000 décès par an sont attribués à la pollution de l'air, dont 482 000 dus à la pollution extérieure​.

En France, on estime que la pollution par les particules fines (PM2.5) est responsable de 20 000 à 40 000 décès prématurés chaque année​. Si les concentrations moyennes de PM2.5 dans neuf grandes villes françaises respectaient la valeur guide de l'OMS, environ 2 900 décès pourraient être évités annuellement, ce qui se traduirait par un gain d'espérance de vie de 3,6 à 7,5 mois selon la ville​.

Les conséquences économiques de ces décès et maladies liées à la pollution de l'air sont également significatives. Selon une étude de l'OMS et de l'OCDE, le coût économique des 600 000 décès prématurés dans la région Europe de l'OMS était de 1,6 billion de dollars américains en 2010​.

En France, les coûts globaux de santé liés à la pollution atmosphérique sont estimés entre 20 et 30 milliards d'euros par an, dont près de 1 milliard d'euros est directement supporté par le système de soins​.

Pour les neuf agglomérations suivies dans le projet APHEKOM (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse, Rouen, Grenoble), le respect des valeurs guide de l'OMS aurait permis de retarder 69 décès par an dus à l'ozone et d'éviter 245 décès par an dus aux PM10, ainsi que de réduire les hospitalisations pour causes respiratoires et cardiaques​

🔎European Respiratory Society (ERS) - Rapport sur l'état global de l'air en 2024

🔎OMS - Air pollution: The invisible health threat


Quels sont les polluants de l’air les plus néfastes pour la santé ?

Les polluants chimiques les plus préoccupants pour la santé publique comprennent les particules fines, l'ozone (O3), le dioxyde d'azote (NO2), les composés organiques volatils (comme le benzène et le formaldéhyde), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), et certains métaux lourds (comme l'arsenic, le chrome et le cadmium). Du côté biologique, les allergènes extérieurs tels que les pollens et moisissures ont aussi un impact sur la santé.

Les particules fines (PM2.5) sont les mieux documentées pour leurs effets néfastes sur la santé. En 2013, elles ont été classées comme cancérigènes pour l'homme par le CIRC. Les particules provoquent des maladies chroniques comme les cancers, maladies cardiovasculaires, respiratoires, et possiblement des effets sur la reproduction, le développement neurologique de l’enfant, et des risques de démence. Leur toxicité est liée à leur composition et leur taille : les plus fines pénètrent profondément dans les poumons et peuvent atteindre d'autres organes via le sang.

Au début de la surveillance on se concentrait sur les PM10 et PM2.5, mais nous désormais capables de mesurer les particules ultrafines (PUF) dont le diamètre est inférieur à 100 nanomètres, particulièrement nocives pour la santé de par leur petite taille.

🔎 Ministère en charge de la santé - Qualité de l’air : Sources de pollution et effets sur la santé


Est-ce que l’amélioration de la qualité de l’air se traduit réellement par une amélioration en termes de santé ?

Les études épidémiologiques montrent que la réduction des niveaux de pollution entraîne des bénéfices significatifs pour la santé. Ces études d'intervention démontrent qu'une amélioration de la qualité de l'air est associée à une baisse de la mortalité et à une amélioration de la santé respiratoire.

  • Dublin : Après l'interdiction de la vente de charbons bitumineux en 1990, les concentrations de particules ont diminué, entraînant une réduction de plus de 6 % de la mortalité totale dans les six ans.

  • États-Unis : Entre les années 1980 et 2000, la réduction des particules fines PM2.5 a contribué à un gain de 7 mois d'espérance de vie pour une baisse de 10 µg/m³, représentant 15 % de l'amélioration de l'espérance de vie pendant cette période. La qualité de l'air améliorée a aussi réduit les problèmes respiratoires chez les enfants.

  • Europe : Le projet Aphekom a montré que la réduction des émissions de dioxyde de soufre (SO2) due à la législation européenne sur les carburants a permis d'éviter plusieurs milliers de décès prématurés.

Toutefois, la réduction des émissions de polluants ne conduit pas toujours à une baisse immédiate et proportionnelle des concentrations dans l’air, en raison de la formation de polluants secondaires. Il est donc essentiel de prendre des mesures durables pour réduire les émissions et améliorer la santé publique à long terme.

🔎 Santé Publique France - Pollution de l’air ambiant : nouvelles estimations de son impact sur la santé des Français

 🔎 Santé Publique France - Résultats du projet Aphekom


Existe-t-il une surveillance sanitaire liée à la pollution de l’air ?

En France, la surveillance des effets sanitaires de la pollution de l'air est assurée par Santé Publique France à travers le programme de Surveillance Air et santé, actif depuis 1997. Ce programme couvre un réseau de 19 villes et vise à évaluer les impacts à court et long termes de la pollution atmosphérique.

Pour les effets à court terme, des analyses en séries temporelles établissent des relations entre les niveaux de pollution et divers indicateurs de santé, tout en tenant compte de facteurs de confusion comme les variations saisonnières et les conditions météorologiques. Les effets à long terme sont évalués par des études de cohorte, notamment à travers la cohorte Gazel, qui examine l'impact de l'exposition chronique à divers polluants sur la santé des travailleurs d'EDF-GDF.

L'InVS utilise également un système de surveillance syndromique, SurSaUD®, qui collecte quotidiennement des données sur la morbidité et la mortalité. Ce système, bien qu'utile pour décrire l'état de santé général de la population, ne permet pas toujours d'attribuer clairement des variations de santé aux épisodes de pollution, notamment en raison du « bruit de fond » causé par d'autres facteurs.

Pour des informations supplémentaires, vous pouvez consulter les rapports de l'InVS et d'autres études sur la surveillance de la qualité de l'air en France.


Existe-t-il des inégalités d’exposition liées à la pollution de l’air ?

De nombreuses études révèlent des inégalités d'exposition à la pollution de l'air. Grâce aux méthodes de mesure et de modélisation actuelles, il est possible d'observer des variations dans les concentrations de polluants auxquels les populations sont exposées au sein des villes, souvent en raison de la proximité de sources de pollution comme le trafic routier ou les sites industriels.

Ces inégalités d'exposition se combinent souvent avec d'autres, telles que l'exposition au bruit et des inégalités socioéconomiques, en plus des différences de sensibilité parmi les individus. Pour remédier à ces disparités, il est essentiel d'adopter une approche globale et intersectorielle qui implique divers acteurs dans la réduction des inégalités liées à la pollution de l'air.

🔎 Equit’Area – Comprendre les inégalités sociales de santé pour mieux les combattre